Introduction
Dans les moments de frustration, il est tentant de dire à son enfant « on part sans toi » lorsqu’il refuse de quitter un lieu. Cependant, cette phrase en apparence anodine peut avoir des conséquences néfastes sur le développement émotionnel de l’enfant. Deux expertes, Kristin et Deena, nous éclairent sur les raisons pour lesquelles il est crucial d’éviter cette expression, tout en proposant des alternatives pour gérer ces situations délicates.
Pourquoi il ne faut pas dire « on part sans toi »
Lorsqu’un enfant résiste à l’idée de quitter un endroit qu’il apprécie, comme un parc, les parents peuvent se retrouver désemparés. C’est dans ces moments-là qu’ils peuvent être tentés de recourir à la menace « on va partir sans toi ». Kristin et Deena nous mettent en situation : « Je rentre à la maison ! » déclare le parent. L’enfant persiste à jouer, semblant ignorer son parent. « Je suis sérieux, je pars maintenant », annonce le parent alors qu’il commence à s’éloigner. L’enfant continue de jouer, jetant parfois des regards vers son parent. « À plus tard ! » lance le parent. Soudain, l’enfant se met à crier « non », pleure et se précipite vers son parent. Cette attitude peut sembler anodine, mais elle envoie un message négatif à l’enfant. En lui disant qu’on partira sans lui, on minimise ses émotions et on lui fait craindre l’abandon. Cette confusion peut provoquer de l’anxiété chez l’enfant et perturber son sentiment de sécurité.
Que dire à la place pour que l’enfant accepte de partir ?
Plutôt que d’utiliser des menaces, il est préférable de communiquer avec empathie et respect envers les sentiments de l’enfant. Kristin et Deena suggèrent une approche plus constructive. Plutôt que de dire « on part sans toi », les parents peuvent exprimer leur compréhension des émotions de l’enfant en disant quelque chose comme : « Je sais que tu t’amuses beaucoup. C’est difficile de partir quand on s’amuse. C’est l’heure de rentrer à la maison. Que pourrions-nous faire ensemble à la maison ? ». Cette approche encourage l’enfant à coopérer en lui offrant une perspective positive sur le retour à la maison.
Que faire quand son enfant refuse de nous écouter ?
Dans les cas où l’enfant persiste dans son refus de coopérer, il est essentiel de poser des limites fermes tout en restant bienveillant. Les expertes conseillent de ne pas attendre que l’enfant fasse une crise pour agir. Après quelques avertissements, les parents doivent rappeler les règles avec confiance et fermeté, en accompagnant leur enfant dans le processus de départ. Cette approche montre à l’enfant qu’il est compris et soutenu, tout en lui rappelant les limites nécessaires pour assurer sa sécurité et son bien-être.
Ces phrases de parents à éviter
En comprenant la logique derrière cette explication et en cherchant à prendre en compte les sentiments de l’enfant, on réalise rapidement que certaines phrases courantes nécessitent d’être reformulées. Dans son ouvrage « Dites pas ci, dites cela », le pédopsychiatre Gilles-Marie Valet encourage les parents à réfléchir à leur façon de communiquer avec leur enfant. Il soulève plusieurs exemples : dire « arrête de pleurer », peut inhiber les émotions, affirmer que « les petites filles ne se comportent pas ainsi », véhicule des stéréotypes sans fondements, utiliser des « non » à répétition devient contre-productif, et dire « je te l’avais bien dit » peut nuire à la confiance en soi. Valet explique : « Le langage est essentiel dans les relations humaines. (…) Nous devons lutter, en tant qu’individus, contre le conditionnement culturel qui a imprégné notre façon de communiquer, où l’agressivité, qu’elle soit consciente ou inconsciente, volontaire ou non, a perturbé la communication autour de nous ». Communiquer n’est pas un geste anodin, car, comme le conclut Valet, c’est aussi réfléchir et agir.
Conclusion
Dire « on part sans toi » peut sembler anodin, mais cela peut avoir des conséquences importantes sur le bien-être émotionnel de l’enfant. En privilégiant une communication empathique et respectueuse, les parents peuvent favoriser un développement émotionnel sain chez leur enfant tout en renforçant le lien familial.
