Le procureur a dénoncé dans son réquisitoire « une accumulation de négligences et d’imprudences » de la part des deux prévenues, notamment concernant le couchage et la surveillance des enfants dans le dortoir.
Un nourrisson avait été retrouvé inanimé après s’être asphyxié en position ventrale au cours de sa sieste dans une crèche de la banlieue lilloise. Ce mercredi, le parquet a requis une peine d’un an d’emprisonnement avec sursis contre l’ex-directrice et une ancienne employée. Le jugement sera rendu le 7 mai.
Le procès, ouvert le 22 janvier, avait été suspendu après que l’ex-directrice, sous l’effet d’une forte prise de médicaments anxiolytiques, avait dû être évacuée par les secours.
Des négligences pointées du doigt
L’audience a repris mercredi en l’absence de cette dernière, jugée psychologiquement inapte à y assister, selon son avocate Me Catherine Lemaire. Le procureur Sébastien Piève a insisté sur les erreurs répétées des accusées, évoquant une organisation « proche du flou artistique ».
Les faits remontent à octobre 2013. Tahina, un bébé de quatre mois, avait été découvert sans vie dans le dortoir de sa crèche municipale à Hellemmes. D’après l’expertise médicale, il aurait succombé à une asphyxie après avoir inhalé une régurgitation de lait, ingéré juste avant sa sieste.
Les analyses permettent d’estimer que l’arrêt cardio-respiratoire serait survenu bien avant la découverte du nourrisson, probablement un peu avant 13 heures, avait précisé en janvier la présidente du tribunal.
L’ancienne puéricultrice avait reconnu avoir installé l’enfant sur le ventre, alors qu’elle savait, grâce à sa formation, qu’il était recommandé de le coucher sur le dos afin de réduire les risques de mort subite du nourrisson.
Un manque de surveillance critiqué
Cette prévenue de 36 ans a également expliqué que les tours de garde avaient été supprimés et que la surveillance des enfants se faisait désormais « en regardant à travers une vitre teintée » et en prêtant attention aux pleurs. Une méthode que Me Laurence Bedossa, avocate des parties civiles, a jugée insuffisante, soulignant qu’une simple observation à travers une vitre ne permet pas une surveillance efficace des lits.
Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe, estimant que plusieurs facteurs avaient contribué au drame. Me Julien Bensoussan, avocat de l’ancienne puéricultrice, a insisté sur l’impossibilité d’attribuer l’entière responsabilité du décès à sa cliente.