Les premières gelées arrivent, les vestes d’hiver ressortent… sauf pour nos ados, qui bravent le froid comme si de rien n’était. Qu’il fasse -2°C ou qu’il pleuve à verse, leur réponse reste invariable : « T’inquiète, j’ai pas froid ». Mais est-ce juste un comportement typiquement adolescent ou une vraie différence physiologique ? Le Dr Gérald Kierzek nous aide à y voir plus clair.
Un phénomène qui agace… mais qui s’explique en partie par la biologie
Avant de juger leur témérité, regardons ce qui se passe dans leur corps. Il y a bien des différences de thermorégulation entre les enfants, les adolescents et les adultes. Comme le rappelle le Dr Kierzek, il serait trop simpliste de dire qu’ils ont naturellement moins froid. En réalité, il faut combiner plusieurs facteurs : des caractéristiques biologiques propres à l’adolescence et des comportements typiques de leur âge.
Leurs corps sont mieux armés pour affronter le froid (jusqu’à un certain point)
Plusieurs raisons biologiques expliquent pourquoi certains adolescents semblent moins sensibles aux températures basses :
- Un métabolisme de base plus élevé, ce qui signifie qu’ils produisent naturellement plus de chaleur, même au repos.
- Une quantité plus importante de graisse brune, surtout à la puberté. Ce tissu particulier génère de la chaleur en réponse au froid, comme un chauffage interne.
- Une capacité de thermorégulation efficace : leur peau retrouve plus rapidement sa température normale après une exposition au froid.
Résultat ? Oui, certains adolescents ressentent objectivement moins le froid. Ce n’est pas (que) de la provocation.
Mais leur résistance au froid a ses limites

Le Dr Kierzek nuance tout de suite : ces capacités ne rendent pas les ados invincibles face au froid.
Leur rapport surface corporelle/masse est plus élevé que celui des adultes, ce qui les rend plus vulnérables à la déperdition de chaleur. Même si leur métabolisme les aide à compenser, ce n’est pas suffisant lors d’une exposition prolongée ou extrême.
Autre point à considérer : les vêtements. Le confort thermique dépend largement de ce qu’ils portent. Des études montrent que plus on est âgé et actif, plus on peut tolérer le froid à niveau d’isolation égal. Mais un ado en sweat léger peut quand même refroidir plus vite qu’un adulte bien couvert.
Enfin, les recherches sur le confort thermique révèlent que les enfants déclarent souvent moins d’inconfort face au froid. Cela ne veut pas dire que leur corps ne subit rien… mais qu’ils perçoivent ou expriment ces sensations différemment.
Conclusion : leur corps est différent, oui. Plus adaptable ? Peut-être. Mais certainement pas insensible. Face au vent, à la pluie ou à un long moment dehors, le risque d’hypothermie reste bien réel. Le manteau devrait rester un réflexe, même pour eux.
Le rôle (majeur) du comportement adolescent
La physiologie n’explique pas tout. Une grande partie de cette résistance apparente au froid est aussi une question de comportement.
Refuser de porter un manteau, c’est souvent une façon d’exprimer son indépendance, de montrer qu’on décide seul. L’apparence compte aussi : mieux vaut frissonner que de porter une doudoune jugée « ringarde ». Le regard des autres est un critère bien plus important que la météo.
Mais il y a un autre facteur : le niveau d’activité. Un ado se déplace plus, court, marche vite… ce qui génère plus de chaleur corporelle.
Et puis, tout est une question d’habitude. Exposés régulièrement au frais, les adolescents activent plus leur graisse brune. En parallèle, les adultes habitués aux intérieurs bien chauffés se retrouvent à frissonner dès qu’ils mettent le nez dehors.
Alors, pourquoi refusent-ils le manteau ?

En résumé ? Parce qu’ils ont un peu moins froid, parce qu’ils perçoivent différemment l’inconfort, mais aussi (et surtout) parce que le manteau est devenu un symbole. Un symbole d’opposition, d’indépendance, d’identité.
Dr Kierzek conclut avec justesse : « Entre facteurs biologiques et besoin de s’affirmer, leur fameux ‘J’ai pas froid !’ n’est pas qu’un caprice… mais ce n’est pas non plus une preuve d’immunité. »
Alors parents, continuez de leur proposer leur manteau (même s’ils refusent). Ce n’est pas un combat perdu, juste un passage obligé.
