Si ces dispositions sont définitivement votées, elles pourraient avoir un double effet. D’un côté, permettre à certaines femmes de partir plus tôt à la retraite. De l’autre, offrir une revalorisation, même modeste, de la pension pour celles dont la carrière a été pénalisée. Voici l’essentiel à retenir de ces annonces.
1. Trimestres maternité et carrière longue : un tournant attendu

Aujourd’hui, les trimestres liés à la maternité ou à l’éducation des enfants sont considérés comme des trimestres validés, mais non cotisés. Cette nuance technique a des conséquences majeures : le dispositif de retraite anticipée pour carrière longue exige un nombre minimum de trimestres cotisés, excluant de fait de nombreuses femmes.
Résultat concret : des mères ayant commencé à travailler très jeunes, et totalisant une carrière complète, se voient refuser l’accès à la carrière longue, uniquement en raison de périodes liées à la maternité.
Le PLFSS 2026 introduit donc une évolution significative. À compter de septembre 2026, deux trimestres de maternité pourraient être requalifiés en trimestres cotisés.
Il convient toutefois de rester vigilant, car cette avancée reste partielle :
- tous les trimestres liés aux enfants ne sont pas concernés ;
- la requalification est limitée à deux trimestres maximum.
Dans certaines situations bien précises, ces deux trimestres suffisent néanmoins à faire basculer un dossier.
Exemple concret
Prenons le cas d’une femme née en 1963, ayant commencé à travailler avant 20 ans et mère de deux enfants. Elle totalise aujourd’hui 168 trimestres cotisés, un chiffre insuffisant pour bénéficier d’un départ anticipé.
Avec la requalification de deux trimestres de maternité, elle atteindrait 170 trimestres cotisés, seuil requis pour la carrière longue. Une différence minime sur le papier, mais déterminante dans la réalité.
Selon les projections officielles, près de 3 % des femmes nées autour de 1970 pourraient ainsi accéder à un départ anticipé.
2. Calcul de la retraite de base : moins d’années pénalisantes

La seconde mesure phare concerne directement le calcul de la retraite de base. Actuellement, la pension est établie sur la moyenne des 25 meilleures années de salaire. Ce mode de calcul pénalise fortement les carrières marquées par :
- des interruptions d’activité,
- des périodes de temps partiel,
- des baisses de revenus liées à la maternité.
Le PLFSS 2026 propose donc une règle différenciée, tenant compte du nombre d’enfants :
- 24 meilleures années retenues pour les femmes ayant un enfant ;
- 23 meilleures années pour celles ayant deux enfants ou plus.
Cette évolution permet d’écarter davantage d’années faiblement rémunérées, ce qui augmente mécaniquement le salaire annuel moyen servant de base au calcul de la pension.
Quel impact financier réel ?
D’un point de vue strictement financier, les gains restent mesurés :
- souvent quelques euros supplémentaires par mois ;
- parfois quelques dizaines d’euros dans les situations les plus pénalisées.
Mais au-delà du montant, l’enjeu est aussi symbolique. Cette réforme reconnaît officiellement que les règles actuelles ont durablement désavantagé les femmes dans le calcul de leur retraite.
3. Points essentiels à retenir
- Tous les trimestres pour enfants ne deviennent pas cotisés
- La mesure vise principalement les carrières longues commencées tôt
- Le nouveau calcul concerne uniquement la retraite de base, pas les complémentaires
- Les femmes proches de l’âge de départ sont les premières concernées
- L’application dépend du vote définitif du PLFSS 2026
Avant toute décision, il reste indispensable de :
- vérifier attentivement son relevé de carrière ;
- distinguer les trimestres cotisés des trimestres validés ;
- recalculer précisément son âge potentiel de départ.
Conclusion
Le PLFSS 2026 ne bouleverse pas l’architecture globale du système des retraites. Il introduit néanmoins deux ajustements ciblés, pensés pour mieux prendre en compte les réalités vécues par les mères de famille.
Pour certaines femmes, un départ anticipé devient enfin accessible. Pour d’autres, la pension pourra être légèrement revalorisée. Des avancées limitées, mais concrètes, qui prennent tout leur sens à un moment de la vie où chaque trimestre et chaque euro comptent.
