Autre"Mon histoire débute avec rien" : retrouvée dans un sac-poubelle à sa...

« Mon histoire débute avec rien » : retrouvée dans un sac-poubelle à sa naissance, Isabelle cherche des réponses, 45 ans plus tard

Le 7 juin 1980, un événement bouleversant s’est produit à Talence, en Gironde : un nourrisson a été retrouvé dans un sac plastique, posé dans un jardin. Quarante-cinq ans après, cette enfant, devenue Isabelle Veillon, cherche à comprendre ses origines. C’est sa fille aînée, Jessy, qui a décidé de médiatiser cette quête en partageant leur histoire sur les réseaux sociaux, espérant réveiller la mémoire collective.

Publicité

Une découverte choc au petit matin

Ce matin-là, une habitante de Talence s’apprêtait simplement à accompagner son fils à l’école. Mais l’attention de l’enfant est attirée par un sac jaune, abandonné près de la maison. Curieux, il s’en approche… et découvre un nouveau-né à l’intérieur. La petite fille, âgée de quelques heures seulement, est habillée et propre. Transportée à l’hôpital Pellegrin à Bordeaux, elle est ensuite placée en vue d’adoption.

Adoptée à quatre mois, elle reçoit le prénom d’Isabelle. Elle grandit entourée d’amour, mais une anomalie sur son carnet de santé – une date de naissance rayée – sème le doute. « Je ne suis même pas certaine d’être née un 7 juin », confie-t-elle aujourd’hui.

carnet-sante-6848380a74333996965107
le carnet de santé d’Isabelle Veillon (de nom de jeune fille Métivier), où la date de naissance a été raturée. • © Isabelle Veillon
« Il faut savoir, il faut comprendre »

« Il faut savoir, il faut comprendre »

Dès son plus jeune âge, Isabelle apprend qu’elle a été adoptée. À trois ans, en exprimant le souhait d’avoir un petit frère ou une sœur, sa mère adoptive lui explique qu’elle est venue la chercher, n’ayant pu avoir d’enfant elle-même. Cette révélation, bien que précoce, ne perturbe pas la petite fille.

Pendant des années, Isabelle n’éprouve pas le besoin d’en savoir plus. Elle est heureuse dans sa famille adoptive. Mais à mesure que le temps passe, les questions enfouies refont surface. « Mes enfants me ressemblent, mais moi, à qui est-ce que je ressemble ? Et mes soucis de santé, d’où viennent-ils ? », se demande-t-elle.

Un article et des questions

C’est le décès brutal de son père adoptif, victime d’un infarctus, qui agit comme un second électrochoc. Ce vide la pousse à demander l’accès à son dossier d’adoption. Elle y découvre un unique document : un extrait du journal Sud Ouest daté du 9 juin 1980. Il raconte de façon factuelle la découverte d’un bébé dans un sac, par un petit garçon. Et c’est tout.

articleso-68483680353af095486375

L’article de « Sud-Ouest » du 9 juin 1980, racontant la découverte de la petite Isabelle. • © Jessy Veillon

« Je suis restée sans réaction », dit-elle. « Mon histoire, ce sont trois lignes dans un vieux journal. C’est tout ce que je sais de mes premières heures. »

Plus que des réponses, ce dossier soulève une foule de nouvelles interrogations. « Pourquoi m’avoir habillée si soigneusement, pour ensuite m’abandonner ? Qu’est-ce qui a poussé une femme à faire cela ? », se demande-t-elle avec pudeur.

Un seul nom ressort de l’article : Monique Defaleux, une habitante de la rue Lafitte, à Talence. C’est elle qui aurait trouvé le bébé. Isabelle et sa fille se rendent sur place, interrogent les voisins, consultent la mairie… en vain. « On a l’impression que cette famille n’a jamais existé », résume Jessy, sa fille.

Un début de piste ?

Déterminée à aider sa mère, Jessy Veillon, aujourd’hui âgée de 23 ans, décide de raconter l’histoire sur les réseaux sociaux. « Cette histoire m’a toujours bouleversée », confie-t-elle. Elle espère qu’un internaute reconnaîtra un détail, un nom, un souvenir.

Et cette fois, l’appel est entendu. Les commentaires affluent, les partages se multiplient. Une personne contacte même Jessy : elle vit désormais dans la maison où Isabelle a été retrouvée. Mais les éléments restent maigres. « On sait juste que la famille Defaleux comptait cinq enfants, qu’ils étaient très impliqués dans la paroisse, puis qu’ils ont quitté la région », détaille Jessy. Pas de piste plus précise, retour à la case départ.

Mais l’espoir persiste. Jessy évoque un second nom dans sa publication : celui de Monique Leleu, ancienne assistante sociale. Ce serait elle qui aurait accompagné Isabelle pour l’établissement de son acte de naissance. Une piste fragile, mais une piste tout de même. « Qui ne tente rien n’a rien », sourit Isabelle. « Et puis bon… mon histoire commence avec rien, alors on ne peut que remonter. »

champok-68483a894bf75322002006
La petite Isabelle Veillon avec ses parents, dans les années 1980. • © Isabelle Veillon

Un dossier vide, et une coupure de presse

Le déclic survient après le décès brutal de son père adoptif. Ce « deuxième abandon », comme elle le décrit, l’encourage à consulter son dossier d’adoption. Mais à sa grande déception, elle n’y trouve qu’un article de presse, datant du 9 juin 1980. Il raconte brièvement la découverte du bébé par un petit garçon à Talence.

« Lire que mon histoire tient en quelques lignes, c’était brutal. C’est tout ce que je sais de ma naissance », explique Isabelle. L’article mentionne un nom : Monique Defaleux, la femme qui aurait trouvé le nourrisson. Mais les recherches sur cette piste ne donnent rien. Sa fille, Jessy, décrit un sentiment de vide : « C’est comme si cette famille n’avait jamais existé. »

Une mobilisation portée par les réseaux sociaux

Déterminée à aider sa mère, Jessy relance un appel sur les réseaux sociaux. Contrairement à sa première tentative, il y a quelques années, cette fois l’histoire suscite un véritable écho. Des internautes partagent massivement la publication, espérant faire avancer les choses.

Un contact est établi avec les nouveaux occupants de la maison située rue Lafitte. Malheureusement, les informations récoltées restent vagues. On apprend que la famille Defaleux comptait cinq enfants et était active dans la paroisse locale, avant de quitter la région. Pas de piste concrète, mais l’espoir persiste.

Jessy évoque également une autre femme : Monique Leleu, ancienne assistante sociale ayant accompagné Isabelle pour l’établissement de son acte de naissance. Peut-être ce nom parlera-t-il à quelqu’un ?

famille-68483c772524c639091462
Un début de piste ?
Déterminée à aider sa mère, Jessy Veillon, aujourd’hui âgée de 23 ans, décide de raconter l’histoire sur les réseaux sociaux. « Cette histoire m’a toujours bouleversée », confie-t-elle. Elle espère qu’un internaute reconnaîtra un détail, un nom, un souvenir.
Et cette fois, l’appel est entendu. Les commentaires affluent, les partages se multiplient. Une personne contacte même Jessy : elle vit désormais dans la maison où Isabelle a été retrouvée. Mais les éléments restent maigres. « On sait juste que la famille Defaleux comptait cinq enfants, qu’ils étaient très impliqués dans la paroisse, puis qu’ils ont quitté la région », détaille Jessy. Pas de piste plus précise, retour à la case départ.
Mais l’espoir persiste. Jessy évoque un second nom dans sa publication : celui de Monique Leleu, ancienne assistante sociale. Ce serait elle qui aurait accompagné Isabelle pour l’établissement de son acte de naissance. Une piste fragile, mais une piste tout de même. « Qui ne tente rien n’a rien », sourit Isabelle. « Et puis bon… mon histoire commence avec rien, alors on ne peut que remonter. »

« Je n’ai pas de colère, juste le besoin de savoir »

Aujourd’hui assistante sociale elle-même, Isabelle s’est préparée à tous les scénarios : ne jamais retrouver ses parents biologiques, ou bien les croiser un jour. « Je n’éprouve aucune haine. Je suis prête à entendre toutes les vérités. Peut-être que la personne a honte, ou qu’elle ne souhaite pas me voir. Mais au moins, je saurais. »

Elle insiste : retrouver ses géniteurs ne remettrait jamais en question l’amour qu’elle porte à ses parents adoptifs. « Être mère, ce n’est pas seulement avoir donné la vie. C’est tout ce qu’on fait après. »

Peu importe l’issue, l’élan de solidarité rencontré sur internet a profondément touché Isabelle. « Je suis surprise et émue de voir à quel point les gens se mobilisent. Peut-être qu’un jour, ce message atteindra la bonne personne. »

Pour tout témoignage ou information, il est possible de contacter Jessy Veillon au 07 80 34 70 50.

source : franceinfo

Exclusive content

Latest article

More article