Tous les parents ont déjà été confrontés à des accès de colère de la part de leur enfant. Lorsqu’il se sent frustré, il peut réagir de manière excessive, parfois en prononçant des paroles blessantes. Pour mieux comprendre ces comportements, la psychologue et psychomotricienne Anne Gatecel partage ses conseils sur le site de nos confréres magicmaman.
“Je ne t’aime plus, tu n’es plus ma maman !”. Ce genre de phrase peut être déroutant, mais il est essentiel de comprendre qu’elle découle d’une émotion forte. Les enfants, incapables de verbaliser pleinement leurs sentiments, utilisent les cris et les pleurs pour exprimer leurs frustrations ou besoins. Bien que ces moments soient éprouvants pour les parents, il est important de garder à l’esprit que ces paroles ne sont pas le reflet de la réalité, mais plutôt une manifestation de leurs émotions.
Pourquoi mon enfant dit qu’il ne m’aime plus ?
Dès l’âge de 18 mois, un enfant commence à dire “non”. Même sans mots, il apprend à s’affirmer en hochant la tête, marquant ainsi son opposition. “À cet âge, dire non, c’est affirmer son ‘je’”, précise Anne Gatecel.
Entre 5 et 6 ans, les enfants se sentent souvent tout-puissants, convaincus qu’ils peuvent tout obtenir. Lorsque cette illusion est brisée, notamment par un adulte qui leur pose des limites, leur monde peut s’écrouler. Si la colère et le refus sont des réactions courantes, certains enfants développent des comportements plus opposants, pouvant souffrir d’un trouble oppositionnel avec provocation (ou “Top”).
Les enfants atteints de ce trouble peuvent se montrer particulièrement rebelles, désobéissants et irritables. Cependant, il ne faut pas confondre ce trouble avec un trouble des conduites, où l’enfant viole les droits des autres sans aucune conscience ou irritabilité. “Le Top n’est pas une pathologie en soi, mais souvent le reflet d’un cadre familial peu structurant, où l’enfant n’a pas appris à gérer la frustration”, explique Anne Gatecel.
Si votre enfant présente régulièrement des conflits avec les adultes, se met fréquemment en colère, ou garde de la rancune après un reproche, il peut être utile de consulter un psychologue. Les thérapies comportementales peuvent également aider à rétablir un climat plus serein à la maison ou à l’école.
Comment réagir face à ces paroles blessantes ?
“Comment est-ce possible que mon enfant ne m’aime plus alors que je fais tout pour lui ?”. Tous les parents peuvent ressentir cette douleur lorsqu’ils entendent de telles paroles. Pourtant, il est essentiel de comprendre que l’amour parental ne doit pas être conditionné par des attentes de réciprocité immédiate. “Demander à un enfant de combler un besoin d’approbation de l’adulte est malsain”, avertit Anne Gatecel.
Les parents doivent donc accepter que ces mots, bien que douloureux, ne soient qu’une réaction émotionnelle passagère. Il est important de reconnaître la colère de l’enfant sans la minimiser, tout en lui assurant que vous l’aimez malgré tout. Par exemple, vous pouvez lui répondre avec empathie : “Je t’aime toujours, même si tu es en colère parce que je ne peux pas toujours te dire oui.”
Gardez à l’esprit que sous l’effet de la colère, les paroles de l’enfant ne sont souvent que des expressions de frustration. “Conservez votre calme et expliquez-lui les raisons de votre décision, cela lui apportera de la sécurité”, conseille l’experte.
Pourquoi est-il essentiel de dire « non » à mon enfant ?
Comme le disait le psychanalyste Jacques Lacan, “le manque et l’absence structurent l’être humain”. Ne pas poser de limites à un enfant ne lui rend pas service. Apprendre à accepter les refus est fondamental pour son développement. Même si faire preuve de bienveillance reste important, savoir dire « non » avec fermeté permet de prévenir certaines crises.
Aujourd’hui, de nombreux parents privilégient une approche basée sur les émotions, souvent au détriment de l’autorité. Toutefois, il est crucial de ne pas confondre autorité et autoritarisme. “L’autorité signifie entendre l’enfant sans nécessairement céder à ses demandes”, explique Anne Gatecel.
En grandissant, un enfant doit apprendre à faire face aux frustrations, qui jouent un rôle crucial dans son développement. Protéger un enfant de toute forme de frustration peut entraîner des difficultés, notamment à l’école, où il sera confronté à des limites. “Si un enfant n’a jamais connu la frustration, la scolarité peut représenter un véritable choc pour lui”, conclut la psychologue.