Un exploit rare : vivre 117 ans sans maladie majeure
Atteindre cent dix ans est déjà exceptionnel. Mais parvenir à 117 ans sans jamais souffrir de pathologies graves relève presque du miracle. Et pourtant, c’est le destin de Maria Branyas Morera, une Américaine d’origine espagnole qui a longtemps détenu le titre de doyenne de l’humanité. Née en 1907 à San Francisco, elle s’est éteinte paisiblement en août 2024 à Olot, en Espagne, à l’âge de 117 ans et 168 jours — un âge qui a fasciné la communauté scientifique.
Avant sa disparition, elle avait accepté de participer à une série d’analyses : sang, salive, urine et microbiome intestinal. Les résultats, publiés dans la revue Cell Reports Medicine, révèlent une combinaison unique de facteurs : un patrimoine génétique protecteur associé à un mode de vie exemplaire.
Un mode de vie méditerranéen et trois yaourts par jour
Maria Branyas Morera menait une vie simple, disciplinée et modérée. Elle n’a jamais fumé, ne buvait pas d’alcool et restait active tant que possible. Installée à la campagne, elle marchait environ une heure chaque jour. Son alimentation, typiquement méditerranéenne, était riche en huile d’olive, légumes et fruits — mais comportait aussi une habitude singulière : la consommation de trois yaourts par jour.
Cette habitude, associée à une diète équilibrée, aurait contribué à préserver un microbiome intestinal jeune et diversifié. Autrement dit, un équilibre bactérien comparable à celui d’une personne bien plus jeune. Ce microbiote aurait joué un rôle clé dans la prévention des inflammations chroniques, souvent responsables des maladies liées à l’âge. Cependant, les chercheurs précisent que ce n’est pas uniquement le yaourt qui explique sa santé remarquable : c’est la synergie de ses habitudes de vie qui a créé un environnement favorable aux bactéries protectrices.
La loterie génétique et une immunité renforcée
Outre son hygiène de vie, Maria Branyas Morera possédait un profil génétique exceptionnel. En comparant son génome à celui de 75 femmes ibériques, les scientifiques ont découvert des variations génétiques protectrices contre les maladies cardiovasculaires, le vieillissement cérébral prématuré et le déclin cognitif. Certains de ses gènes optimisaient le métabolisme des graisses, renforçaient le système immunitaire et favorisaient la santé du cœur et du cerveau.
Selon le Dr Manel Esteller, environ 50 % de sa longévité s’expliquerait par la génétique, et l’autre moitié par son mode de vie. En d’autres termes, elle a été chanceuse dès la naissance, mais elle a su entretenir cet avantage grâce à des habitudes saines et constantes. Néanmoins, les chercheurs rappellent que cette étude repose sur un cas unique — impossible donc d’en tirer une règle universelle sur les secrets du vieillissement.