Pour la première fois depuis plus d’un siècle – en dehors des périodes de guerre – la France métropolitaine enregistre plus de décès que de naissances. En 2024, la croissance démographique française repose presque entièrement sur les flux migratoires, marquant un changement historique aux conséquences économiques et sociales profondes.
Une croissance naturelle presque à l’arrêt
Les chiffres sont sans appel. D’après les données de l’Ined (Institut national d’études démographiques), la croissance naturelle de la population est aujourd’hui quasi nulle. Pour rappel, cette croissance naturelle correspond à la différence entre les naissances et les décès. En 2024, elle n’a été que très légèrement positive à l’échelle du pays, avec environ 663 000 naissances contre 646 000 décès.
Mais si l’on regarde uniquement l’Hexagone, les données prennent une toute autre tournure. En métropole, le nombre de décès (630 000) a pour la première fois dépassé celui des naissances (629 000), hors temps de guerre. Cette bascule marque un véritable tournant : sans les naissances dans les départements d’Outre-mer, le solde naturel aurait été négatif à l’échelle nationale.
Migrations : le nouveau moteur de la croissance démographique
Dans ce contexte de natalité en berne, les migrations prennent le relais comme principale source d’augmentation de la population. En 2024, le solde migratoire est estimé à environ 152 000 personnes. Ce chiffre est encore provisoire, notamment à cause des difficultés à recenser précisément les ressortissants européens et les personnes en situation irrégulière.
La majorité des nouveaux arrivants choisissent de s’installer dans les grandes agglomérations, ce qui accentue les déséquilibres territoriaux déjà marqués entre les zones urbaines et rurales. Ce phénomène alimente les débats sur l’aménagement du territoire et la gestion des ressources locales.
Pourquoi les Français ont de moins en moins d’enfants

La baisse du nombre de naissances s’explique par un ensemble de facteurs. Une grande consultation citoyenne menée par l’Assemblée nationale auprès de 30 000 personnes a mis en lumière plusieurs freins majeurs. Parmi les raisons évoquées : les difficultés financières, l’incertitude économique, la difficulté à équilibrer vie professionnelle et personnelle, ou encore l’absence d’un partenaire stable.
Bien que le désir d’enfant reste fort chez beaucoup de Français, ces obstacles les poussent à reporter ou à renoncer à leur projet de parentalité. À cela s’ajoutent des problèmes médicaux de plus en plus fréquents : selon la ministre de la Santé et des Familles, Stéphanie Rist, près d’un couple sur huit rencontre des problèmes d’infertilité.
Face à cette situation, le gouvernement prévoit de lancer un plan national de lutte contre l’infertilité, axé sur la prévention, l’information et une meilleure prise en charge médicale des personnes concernées.
Un avenir démographique incertain pour la France
Selon une étude de l’Ined publiée en mars, la population française pourrait atteindre un pic autour de 70 millions d’habitants dans les années 2040, avant de commencer une baisse progressive. Ce recul de la natalité inquiète les responsables politiques car il menace l’équilibre du système de protection sociale et des retraites.
Conscient de cet enjeu, le président Emmanuel Macron avait déjà appelé à un véritable « réarmement démographique » du pays, incitant à redynamiser les politiques familiales et à repenser les dispositifs de soutien à la natalité.
