Dans un monde où le numérique est omniprésent, la tentation d’utiliser les écrans comme outil d’occupation pour les jeunes enfants est forte. Pourtant, les risques associés à cette pratique sont aujourd’hui largement documentés. C’est pourquoi, à partir de ce jeudi, une nouvelle interdiction formelle entrera en vigueur : plus aucun écran ne devra être utilisé dans les lieux d’accueil recevant des enfants de moins de trois ans. Crèches, garderies, assistantes maternelles… tous les professionnels devront désormais s’adapter à cette exigence sanitaire et éducative.
Une interdiction désormais inscrite dans la charte nationale
Le cadre réglementaire évolue. Un arrêté gouvernemental, publié au Journal officiel, vient modifier la charte nationale pour l’accueil du jeune enfant. Cette charte sert de référence aux structures de garde collectives et individuelles. Le texte y introduit une clause explicite :
« Il est interdit d’exposer un enfant de moins de trois ans devant un écran (smartphone, tablette, ordinateur, télévision) compte tenu des risques pour son développement. »
Ce passage clair vise à uniformiser les pratiques sur l’ensemble du territoire français, en instaurant un principe de précaution éducative pour les professionnels en contact avec les tout-petits.
Une décision appuyée par des données scientifiques préoccupantes
Cette mesure ne tombe pas du ciel. Elle s’inscrit dans une dynamique politique et scientifique croissante. Dès avril dernier, un rapport d’experts en santé publique a tiré la sonnette d’alarme. Selon ces spécialistes, l’exposition précoce aux écrans — qu’il s’agisse de téléphones, tablettes, ordinateurs, téléviseurs ou jeux vidéo — a des effets délétères sur la santé physique, mentale et cognitive des jeunes enfants.
Les conséquences observées sont multiples :
- Troubles de l’attention et du sommeil
- Retards de langage
- Perturbations des interactions sociales
- Altération du développement intellectuel à long terme
Un an auparavant, un rapport remis à Emmanuel Macron évoquait déjà l’urgence de ne pas exposer les enfants de moins de trois ans aux écrans. L’appel à une prise de conscience collective s’est renforcé depuis.
Un message politique fort : changer les mentalités
La ministre de la Santé et des Solidarités, Catherine Vautrin, a exprimé mi-juin son intention claire : « interdire l’exposition aux écrans des enfants de moins de trois ans partout, y compris à la maison », même si, en pratique, il n’est pas question d’un contrôle chez les particuliers.
Son objectif ? Créer une norme sociale, à l’image de ce qui avait été fait avec l’interdiction de la fessée. Autrement dit, envoyer un message clair aux parents comme aux professionnels : ce n’est plus acceptable de laisser un tout-petit devant un écran.
Des nounous et crèches à réorganiser
Pour les structures d’accueil, cette nouvelle réglementation implique une adaptation concrète. Fini les écrans allumés en fond sonore ou les dessins animés pour apaiser les pleurs. Il faudra désormais proposer des alternatives plus interactives et sensorielles : jeux éducatifs, lecture, musique, ou simplement temps calme sans stimulation numérique.
Cette transformation demandera de la formation, de la sensibilisation et de la vigilance de la part des professionnels de la petite enfance. Mais elle pourrait aussi encourager une réflexion plus large sur l’environnement éducatif que l’on souhaite offrir aux enfants dès leurs premiers mois de vie.
En bref
- Interdiction totale des écrans dans les lieux d’accueil des enfants de moins de trois ans, à partir de jeudi.
- Mesure inscrite dans la charte nationale pour l’accueil du jeune enfant, visant tous les professionnels du secteur.
- Basée sur plusieurs rapports d’experts, elle alerte sur les risques cognitifs, sociaux et physiques liés aux écrans.
- Le gouvernement souhaite faire évoluer les mentalités, même en dehors des lieux publics, en posant un cadre clair et protecteur.