Dans l’univers délicat de la petite enfance, certains choix professionnels échappent aux règles écrites. C’est le cas de Laurence, assistante maternelle depuis deux décennies, qui a décidé de taire un moment charnière du développement des tout-petits : leurs premiers pas. Et loin d’être un oubli ou un mensonge, ce silence est empreint de bienveillance.
La confiance, pierre angulaire de la garde d’enfants à domicile
Quand des parents confient leur enfant à une assistante maternelle, ce n’est pas seulement une question de logistique ou de disponibilité. C’est un engagement profond, une forme de partenariat fondé sur le respect mutuel. Les parents s’en remettent à la professionnelle pour offrir à leur enfant un cadre sécurisant, chaleureux, où il pourra grandir et s’épanouir. De son côté, l’assistante maternelle veille à respecter les attentes éducatives des familles, tout en assurant quotidiennement confort, sécurité et stimulation à l’enfant.
Chaque fin de journée donne lieu à un petit rituel de transmission : repas, sieste, jeux, petits incidents éventuels… Tout est dit, ou presque. Car parfois, certaines professionnelles font volontairement le choix de taire un événement bien particulier.
Les premiers pas : un secret gardé avec tendresse
Laurence confie avec douceur une pratique qu’elle applique depuis des années, et qu’elle partage avec de nombreuses consœurs :
« Quand un enfant marche pour la première fois chez moi, je ne le dis pas tout de suite aux parents. Je préfère qu’ils vivent ce moment eux-mêmes, qu’ils aient la surprise, qu’ils se sentent les premiers témoins. »
Pour elle, cette décision n’a rien d’un mensonge. C’est une manière de préserver l’émotion des familles, de leur laisser la magie intacte. « Ils auront toute une vie pour voir leur enfant marcher, courir, tomber et se relever… Mais ce tout premier pas, cette étincelle dans les yeux des parents, je veux qu’elle soit vraie, authentique », explique-t-elle.
Préserver les émotions sans trahir la confiance
Il ne s’agit pas de masquer un problème ou de dissimuler une information importante pour la santé de l’enfant. Il s’agit simplement de différer une nouvelle, de la remettre entre les mains des parents au bon moment. Après tout, l’enfance est faite de milliers de premières fois, mais certaines méritent une place à part.
Et il faut bien reconnaître que dans un monde où tout va vite, où les agendas sont pleins et les moments familiaux parfois volés au quotidien, offrir à des parents la possibilité de croire qu’ils ont vu, eux aussi, ce « tout premier pas », est un geste plein d’humanité.