Face à cette situation imprévue, le propriétaire a réagi sans attendre : il est parvenu à faire sortir le squatteur avant même l’arrivée de la police. Les forces de l’ordre, rapidement alertées, ont interpellé l’homme, un trentenaire inconnu des voisins, placé aussitôt en garde à vue pour violation de domicile et dégradation de bien privé. Le propriétaire a quant à lui déposé plainte afin d’obtenir réparation et d’éviter que cette affaire ne s’éteigne dans l’oubli.
Les régions françaises les plus touchées par les squatteurs
Si ce fait divers interpelle, c’est parce qu’il met en lumière une réalité préoccupante : certaines régions françaises sont particulièrement exposées au phénomène des squats. Les Hauts-de-France, où s’est déroulé cet épisode, figurent parmi les plus concernés, au même titre que la Provence-Alpes-Côte d’Azur et l’Occitanie. Toutefois, c’est en Île-de-France que la concentration reste la plus forte, avec près de 40 % des cas recensés à l’échelle nationale.
Ce problème, devenu un véritable enjeu politique et social, mobilise régulièrement élus et ministres. Guillaume Kasbarian, député d’Eure-et-Loir, rappelait dans une interview que collecter des données fiables auprès des préfectures relevait du « parcours du combattant ». Les préfets tardent parfois à répondre, ce qui empêche d’avoir une vision claire de l’ampleur du problème.

Des lois anti-squatteurs aux résultats mitigés
Ces difficultés administratives ne sont pas nouvelles. Dès 2020, une première loi anti-squat avait été adoptée afin d’accélérer les expulsions et mieux protéger les propriétaires. En 2021, l’ancienne ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, avait même lancé un observatoire pour évaluer l’application du texte. Pourtant, les résultats étaient loin d’être parfaits : seuls 77 % des propriétaires retrouvaient leur bien dans des délais raisonnables. L’étude n’a d’ailleurs pas été poursuivie par ses successeurs, laissant le suivi du dispositif incomplet.
En parallèle, des notes internes du ministère du Logement ont confirmé la difficulté à obtenir des statistiques fiables. Fin août 2024, seuls 27 préfets sur 96 avaient transmis des données précises, preuve de la complexité du suivi administratif.
Des procédures d’expulsion encore trop longues

Face à la persistance du problème, une nouvelle réforme a été votée en 2023 afin de renforcer les dispositifs existants. Entre septembre 2023 et mai 2024, pas moins de 432 demandes d’expulsion ont été enregistrées, soit trois fois plus que durant toute l’année 2022. Parmi elles, 356 ont reçu une réponse favorable des préfets, représentant 82 % des cas. Une progression notable par rapport aux années précédentes.
Malgré ces avancées, les délais d’expulsion restent un point noir. Selon l’ancienne ministre du Logement, ils varient encore entre 24 heures et 12 jours selon les situations, ce qui laisse les propriétaires dans une grande incertitude.
À Saint-Pol-sur-Mer, l’affaire rappelle que derrière les chiffres et les lois, il y a avant tout des vies bouleversées. Pour ce propriétaire, voir sa maison transformée en squat a été une expérience traumatisante. Même si la police est intervenue rapidement, ce cas illustre les limites du système actuel et l’importance d’apporter des réponses concrètes pour mieux protéger les propriétaires face à ce fléau grandissant.