Un verdict historique à la cour d’assises de Paris
Après six jours d’un procès éprouvant, la cour d’assises de Paris a rendu son verdict : Dahbia Benkired passera le reste de sa vie derrière les barreaux, sans possibilité d’aménagement de peine. L’Algérienne de 27 ans a été jugée coupable d’avoir enlevé, violé et tué la petite Lola, 12 ans, dans un immeuble du 19ᵉ arrondissement de Paris, en octobre 2022.
À l’énoncé de la décision, la jeune femme est restée impassible. D’une voix calme mais lasse, elle a demandé « le pardon » avant de reconnaître la gravité de son geste : « C’est horrible ce que j’ai fait ». Un moment glaçant qui a figé la salle d’audience, marquée par la douleur des parents de la victime.
Une défense aux arguments fragiles
Son avocat, Me Alexandre Valois, a tenté de plaider la nuance, demandant aux jurés de ne pas appliquer la peine maximale. Il a rappelé qu’une telle sanction n’avait été prononcée que quatre fois depuis 1994, exclusivement pour des crimes d’une extrême cruauté impliquant des enfants. Et jamais encore contre une femme.
« Dahbia Benkired est coupable de meurtre et de viol, mais pas d’actes de torture », a insisté l’avocat. Selon lui, la jeune femme aurait porté les coups alors que Lola était déjà inconsciente. « Pourquoi ajouter de l’horreur à l’horreur ? » a-t-il plaidé, évoquant l’absence d’intention d’infliger une souffrance consciente.
Une vie marquée par la souffrance et l’errance

Dans sa plaidoirie, la défense a tenté de dresser le portrait d’une femme brisée par la vie. Dahbia Benkired aurait connu une existence jalonnée de violences physiques, sexuelles et psychologiques. « Elle n’est pas coupable de son enfance, ni de l’exploitation qu’elle a subie », a souligné Me Valois, évoquant une succession de traumatismes et de dérives ayant conduit à ce passage à l’acte tragique.
Selon l’avocat, le crime serait né d’un enchaînement de « facteurs multiples » : une fragilité mentale profonde, la solitude, et une consommation excessive de produits stupéfiants ayant altéré son discernement. Un « trauma ancien et enfoui » aurait resurgi ce jour-là, déclenchant un acte de violence incontrôlée.
Une relation toxique comme détonateur
Le plaidoyer évoque également la relation tumultueuse qu’entretenait l’accusée avec son ex-compagnon. Ce dernier aurait entretenu une relation déshumanisante avec Dahbia, la manipulant émotionnellement. Quelques minutes avant le crime, elle lui aurait envoyé un message : « Viens, on fait un enfant ». La réponse sèche et distante de l’homme aurait alors été l’étincelle de trop. Un refus brutal, un rejet, et la jalousie explosive de Dahbia aurait pris le dessus.
Une peine exemplaire et symbolique
Pour l’avocat général, il ne pouvait en être autrement. Il a requis une « peine d’exclusion sociale » afin de protéger la société d’une femme qu’il considère comme dangereuse et irrécupérable. « La cruauté du crime exige la plus haute des peines », a-t-il déclaré, soutenu par la famille de Lola, présente tout au long du procès.
Après seulement quatre heures de délibération, les jurés ont suivi les réquisitions et prononcé la réclusion criminelle à perpétuité incompressible. Une peine rarissime, reflet de la gravité d’un crime qui a bouleversé la France entière.
Un procès qui marque les esprits
Ce procès restera dans les mémoires comme l’un des plus marquants de ces dernières années. Au-delà de l’horreur du crime, il met en lumière les dérives de la violence sociale et psychologique que peuvent engendrer l’exclusion, la précarité et l’abandon. La justice a voulu envoyer un message clair : face à la barbarie, aucune circonstance ne peut effacer la responsabilité d’un tel acte.
