Entre réforme fiscale et modifications parlementaires, le Budget 2026 bouscule les règles de l’abattement de 10 % appliqué aux pensions de retraite. Si vous touchez moins de 2 500 € par mois, vous pourriez échapper à cette hausse d’impôt… mais certaines conditions restent à définir.
Les retraités, au cœur de l’effort budgétaire national

Depuis plusieurs mois, le débat fiscal place les retraités au centre des discussions. Beaucoup craignent une hausse d’impôts ou la suppression d’avantages fiscaux. Et on comprend pourquoi : le gouvernement envisageait de modifier en profondeur l’abattement fiscal actuel. Résultat ? De nombreux seniors s’inquiètent pour leur feuille d’impôt 2026.
Mais un rebondissement est venu du Sénat. Un amendement de dernière minute pourrait alléger la note pour une partie importante des retraités, notamment ceux dont les revenus sont en dessous de 2 500 € mensuels.
Abattement actuel de 10 % : ce qui change avec la réforme
Actuellement, les pensions de retraite bénéficient d’un abattement automatique de 10 %, comme les salaires, pour couvrir les frais professionnels. Ce montant est compris entre 450 € minimum et 4 399 € maximum par foyer fiscal.
Par exemple, une personne retraitée percevant 1 800 € nets par mois (soit 21 600 € par an) est imposée sur une base réduite à 19 440 € après abattement. Ce mécanisme permet souvent de rester sous la première tranche de l’impôt et, donc, de ne rien payer.
Le projet du gouvernement pour 2026 prévoit de remplacer cet abattement proportionnel par une déduction forfaitaire unique. Le montant initialement annoncé ? 2 000 € par retraité. Ce changement défavoriserait tous ceux qui touchent plus de 1 670 € mensuels environ. Par exemple, un retraité avec 3 000 € de pension verrait son impôt grimper de 16,6 %, selon les calculs présentés par Droit-Finances.
L’amendement du Sénat : une bouffée d’air pour les pensions inférieures à 2 500 €
Face au tollé suscité par cette mesure, les sénateurs ont réagi. Le 30 novembre, ils ont adopté un amendement qui relève la déduction forfaitaire de 2 000 € à 3 000 €. Objectif : ne pas pénaliser les classes moyennes modestes tout en concentrant l’effort sur les retraités aux pensions plus élevées.
Grâce à cette révision, le seuil à partir duquel le nouveau système devient moins avantageux passe à 2 500 € par mois (ou 30 000 € annuels). En dessous, pas de mauvaise surprise : la réforme ne provoquerait aucune hausse d’impôt dans cette configuration.
Les retraités ayant des pensions supérieures à ce montant pourraient toujours voir leur imposition augmenter, mais de manière moins importante que dans le projet initial.
Impôt 2025 : pas de changement… pour l’instant

Petite précision utile : pour la déclaration de revenus en 2025 (portant sur les revenus de 2024), rien ne bouge. L’abattement de 10 % reste en place, toujours avec un plancher de 450 € et un plafond de 4 399 €.
Avec une pension de 20 000 € par an, l’abattement permet de réduire le revenu imposable à 18 000 €. Et tant que ce revenu reste sous les 11 497 €, aucun impôt n’est dû. En clair, un retraité seul peut toucher jusqu’à 12 800 € bruts par an sans payer d’impôt, après application de l’abattement.
Autres avantages fiscaux pour les plus de 65 ans
Les seniors de plus de 65 ans ou titulaires d’une pension d’invalidité peuvent bénéficier d’un abattement supplémentaire. Selon CapRetraite, il s’élève à 2 795 € pour un revenu net imposable inférieur à 17 510 €, et à 1 398 € pour un revenu entre 17 510 € et 28 170 €. Bonne nouvelle : si vous êtes en couple et que les deux remplissent les conditions, cet abattement est doublé.
Quid des contributions sociales ?
En plus de l’impôt sur le revenu, les retraités doivent parfois s’acquitter de contributions sociales : CSG, CRDS et CASA. Toutefois, il existe des seuils d’exonération. Si le revenu fiscal de référence reste sous 12 818 € pour une part fiscale, vous êtes totalement exonéré.
Entre 12 818 € et 16 755 €, seule une CSG à taux réduit de 3,8 % s’applique. Ces dispositifs protègent les petites retraites, alors que la réforme cible surtout ceux qui, selon la ministre Astrid Panosyan-Bouvet, « peuvent contribuer davantage aux finances publiques ».
Conclusion : des ajustements encore en débat
Le projet de réforme de l’abattement fiscal est encore en discussion, et les arbitrages finaux seront connus d’ici l’adoption définitive du Budget 2026. Pour les retraités, le message est clair : restez attentifs, surtout si vos revenus mensuels tournent autour de 2 500 €. Selon les choix politiques finaux, cela pourrait faire une grande différence sur votre imposition.
