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« Après ma fausse couche, mon bébé reborn m’a aidée à tenir » : ces femmes qui élèvent des poupées comme de vrais bébés

Sur le réseau social, des femmes maternent des bébés reborn plus vrais que nature, jusqu’à monopoliser salles à langer et bus. Entre deuil, vide affectif et mise en scène, où s’arrête le jeu ?

Sur le réseau social, de nombreuses vidéos montrent des femmes prenant soin de bébés à l’apparence ultra-réaliste. Elles les promènent, les changent, les nourrissent… jusqu’à ce qu’on découvre qu’il ne s’agit pas d’enfants, mais de poupées reborn. Et les réactions en ligne ne tardent pas à exploser.

La créatrice française Honorine y partage des scènes qui ressemblent à de vraies balades entre mamans. « Sortie entre mamans de reborn ! Il n’y avait plus de métro, donc on a dû prendre un bus relais et, une fois arrivées, on est allées changer les loulous parce qu’ils avaient un peu trop chaud », raconte-t-elle dans une vidéo reprise par Le Point. Un mélange entre passion, jeu de rôle et malaise qui pousse à se poser des questions.

Bébés reborn : un réalisme troublant qui séduit sur les réseaux

bébé reborn aide-min

Les bébés reborn, ces poupées en silicone au réalisme bluffant, peuvent coûter de 100 à plusieurs milliers d’euros. Chaque « naissance » est mise en scène : fiche avec prénom, poids, taille… Les sites spécialisés parlent de nurseries virtuelles où l’acheteur « adopte » une poupée, comme l’explique Babystock, cité par 20 Minutes.

Sur les réseaux sociaux, les « reborneuses » publient aussi des vidéos d’unboxing ou présentent leurs créations en direct. Certaines de ces vidéos font des milliers de vues. La créatrice « Passion Honorine », suivie par plus de 38 000 personnes, rappelle que c’est avant tout un objet de collection : « Ce n’est pas un jouet. Ce n’est pas pareil que de jouer à la poupée ».

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Mais certains internautes n’approuvent pas. En commentaires, on peut lire : « Vous achetez des couches alors que des vraies mamans en manquent ? », « Vous bloquez les poussettes dans les transports ? », ou encore « C’est absurde de dépenser autant pour des poupées ». Le sujet divise fortement.

Bébé reborn : thérapie du deuil ou simple lubie ?

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Si pour certains, ces poupées servent de réconfort émotionnel, notamment dans des situations de deuil, les professionnels de santé restent prudents. La thérapeute Valérie Denis, interrogée par 20 Minutes, explique : « Je suis perplexe face à l’utilisation des bébés reborn en thérapie. Il n’existe aucune validation scientifique concernant leur efficacité dans le processus de deuil périnatal ».

Elle précise : « Ces poupées peuvent apaiser, mais ne permettent pas de traverser réellement un deuil. Le véritable travail consiste à transformer le lien physique en lien symbolique, ce que ne peut pas faire un objet ».

Une de ses patientes confie tout de même : « Après ma fausse couche, mon bébé reborn m’a aidée à tenir ». Entre soulagement passager et illusion émotionnelle, l’équilibre est fragile.

La psychologue interroge aussi le recours à ces poupées par de jeunes adultes : « Le jeu fait partie de l’enfance, bien sûr. Mais à l’âge adulte, cela peut révéler un vide affectif. Pourquoi rester dans une fiction quand on pourrait créer des liens dans la réalité ? »

Quand les poupées prennent la place des vrais bébés

Ce phénomène dépasse la sphère privée et s’invite dans l’espace public. Dans une vidéo postée sur la plateforme, une jeune maman nommée Charlotte raconte une scène troublante dans un centre commercial, comme le rapporte 20 Minutes. « Je fais la queue pour l’espace de change. Une seule cabine fonctionne. Une femme entre avec sa poussette. On attend… 5, 10, 15 minutes. C’est interminable. »

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Elle toque à la porte, pensant qu’il y a un souci. La femme répond calmement : elle change son bébé et lui donne à manger. Mais en la voyant sortir, elle découvre la vérité : « Elle tenait le bébé par le pied. C’était une poupée ». Résultat : Charlotte et une autre maman ont attendu 20 minutes pour un espace destiné aux vrais bébés.

Ce type d’incident alimente la frustration. Une autre mère réagit : « On manque déjà de places pour nos vrais bébés. Ce n’est pas normal de devoir les partager avec des poupées ».

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