Faut‑il attendre un âge avancé pour transmettre un bien à ses enfants ?
Un notaire expérimenté dévoile le moment idéal pour agir sans alourdir la facture fiscale. Et la fenêtre d’opportunité est plus courte qu’on ne croit.
Un acte notarié au bon moment peut tout changer
Il suffit parfois d’un acte notarié exécuté au moment opportun pour épargner des milliers d’euros à ses enfants. En matière de succession patrimoniale, le bon timing fait toute la différence. À mesure que l’on avance en âge, le transfert de patrimoine devient non seulement plus simple, mais aussi plus avantageux fiscalement. Encore faut-il connaître la période idéale pour concrétiser cette démarche.
61 à 71 ans : l’âge recommandé par un notaire renommé
Selon Mathieu Fontaine, notaire associé et expert en transmission patrimoniale, interrogé récemment, la tranche entre 61 et 71 ans constitue l’âge idéal pour organiser sa succession. Généralement à la retraite, les parents disposent alors d’une vision claire de leur pouvoir d’achat et peuvent planifier sereinement le transfert de leur patrimoine. À cet âge, la décote de 60 % sur la nue-propriété (article 669 CGI) permet de réduire significativement les droits de succession — un réel atout pour préserver le capital familial.
Pourquoi ne pas attendre ?
Beaucoup de personnes attendent une fin de vie incertaine pour entamer une transmission, ce qui s’avère souvent trop tard. Pour limiter les conflits familiaux et les coûts élevés, les experts recommandent d’anticiper avant 70 ans. Plus le donateur est jeune, plus la valeur de la nue-propriété est réduite, et donc moins les enfants ont de droits à acquitter.
Comme le souligne Mathieu Fontaine, « Il existe un manque d’anticipation globale en France. Mais face à l’inflation, de nombreux couples songent désormais à impliquer leurs enfants dès l’acquisition d’un bien immobilier. »
Les deux stratégies efficaces pour alléger les frais de succession
Transmettre un bien de son vivant demande réflexion. Voici deux stratégies juridiques solides, encadrées par le droit notarial :
- Donation de la nue‑propriété aux enfants en se réservant l’usufruit à vie : à la fin de l’usufruit, les enfants deviennent automatiquement propriétaires, sans droits de succession.
- Acquisition en démembrement : les parents financent l’achat via une donation financière, gardent l’usufruit, tandis que les enfants détiennent la nue-propriété — aboutissant, à terme, à une absence de droits successoraux.
Dans les deux cas, les avantages fiscaux sont clairs : un abattement de 100 000 € par enfant tous les 15 ans, ainsi qu’une exonération complémentaire jusqu’à 31 865 € sur les dons d’argent, si le donateur est moins de 80 ans.
Conclusion : une transmission réussie commence par une anticipation avisée
En résumé, pour transmettre un bien de façon optimisée fiscalement, la bonne fenêtre se situe entre 61 et 71 ans. C’est à ce moment que l’on dispose d’une vision financière claire, que les mécanismes comme la décote de nue-propriété jouent pleinement, et que les abattements fiscaux peuvent être maximisés.
Ce n’est pas tant l’âge avancé, mais l’anticipation informée et le choix de la stratégie adéquate qui feront la différence dans la transmission d’un patrimoine sans charges excessives.