Actualité6 mois de sursis, un stage obligatoire de parentalité et 800 euros...

6 mois de sursis, un stage obligatoire de parentalité et 800 euros : un père sanctionné pour avoir donné une fessée

Près de six ans après l’interdiction légale des violences éducatives ordinaires, la justice française continue de se saisir de dossiers impliquant des parents. Dans le Jura, un jeune homme de 26 ans a récemment été condamné pour avoir frappé sa fille adoptive de huit ans lors d’une dispute autour du coucher. Cette affaire rappelle que le débat autour de la fessée et des châtiments corporels reste plus que jamais d’actualité.

Un père jugé pour une altercation lors du coucher

Le 1er septembre 2025, jour de rentrée scolaire, un père s’est présenté devant le tribunal correctionnel de Lons-le-Saunier. Les faits reprochés remontent au 7 juillet dernier : une soirée familiale marquée par un conflit au moment du coucher. La fillette de huit ans réclamait un ventilateur pour dormir. Son père, considérant que la chaleur était retombée, refusa. La discussion dégénéra rapidement en « grosse colère », selon des propos rapportés par Le Progrès. Resté seul pour gérer la situation — sa compagne étant sortie fumer avec une nièce — l’homme aurait perdu son calme et eu recours à la violence.

fessée-min
Photo : Getty

Une famille recomposée fragilisée par la violence

Lors de l’audience, le prévenu a reconnu avoir donné « plusieurs fessées » à sa fille adoptive. Toutefois, il a catégoriquement nié l’avoir frappée au visage, contrairement à ce qu’a affirmé l’enfant lors de son audition dans une salle Mélanie, un espace conçu pour recueillir la parole des jeunes victimes. Cette divergence de versions illustre la complexité de l’affaire. La mère de la fillette, partie civile dans ce procès, a souligné l’impact de cet épisode sur la cohésion familiale déjà fragile.

LIRE AUSSI :   Un grand-père perd la vie en sauvant son petit-fils emporté par le courant

Au terme des débats, le tribunal a suivi les réquisitions du procureur : six mois de prison avec sursis, l’obligation de participer à un stage de parentalité et le versement de 800 euros de dommages et intérêts à l’enfant. Une décision qui confirme la fermeté croissante de la justice face à ce type de comportements.

Des condamnations de plus en plus fréquentes

fessée2-min
Photo : iStock

Cette affaire n’est pas isolée. Le tribunal de Lons-le-Saunier a déjà eu à traiter des cas similaires. En août 2023, un père de 27 ans avait écopé de trois mois de prison ferme avec sursis probatoire pour avoir frappé son fils de cinq ans. Sa condamnation avait été alourdie par des antécédents de violences conjugales. Ces décisions judiciaires se multiplient depuis la promulgation de la loi du 10 juillet 2019 interdisant les violences éducatives ordinaires.

Cette loi a inscrit dans l’article 371-1 du Code civil que « l’autorité parentale s’exerce sans aucune violence physique ni psychologique ». Si la fessée en elle-même ne fait pas l’objet d’une sanction pénale spécifique, tout coup porté à un enfant reste répréhensible au titre du Code pénal. Une nuance qui démontre la volonté du législateur de mettre fin à la banalisation de certaines pratiques parentales.

La France, en retard mais en mouvement

Avec cette loi, la France a rejoint la grande majorité des pays européens ayant interdit les châtiments corporels. La Suède, pionnière en la matière, avait déjà franchi le pas dès 1979. En comparaison, la France a légiféré tardivement, presque cinquante ans plus tard. Aujourd’hui, seule la Belgique n’a pas encore comblé son vide juridique en 2025.

LIRE AUSSI :   Il oublie sa femme sur une aire d’autoroute à 4h du matin… et roule 300 kilomètres avant de s’en apercevoir

Ce retard législatif révèle une évolution culturelle : ce qui était autrefois considéré comme « normal » dans l’éducation — la gifle, la tape ou la fessée — est désormais vu comme une forme de maltraitance. Les condamnations récentes soulignent une volonté claire d’envoyer un message de prévention et de protection de l’enfant.

Vers une parentalité sans violence

parentalité sans violence-min
KEYSTONE/STEFFEN SCHMIDT

Cette interdiction ne signifie pas que les parents doivent renoncer à poser un cadre éducatif. Elle invite au contraire à explorer des alternatives plus respectueuses. Les stages de parentalité, comme celui imposé au père condamné dans le Jura, visent à fournir des outils pour mieux gérer les conflits familiaux. Apprentissage de la communication, gestion des émotions et recours à des méthodes éducatives positives sont au cœur de ces formations.

À travers ces mesures, la société française tente de rattraper son retard et d’installer une nouvelle norme : éduquer sans violence, en respectant la dignité et le bien-être des enfants.

Exclusive content

Latest article

More article